O toi mon frère, qui est dans le camp du bien

Nous nous croyons dans ce camp car nous sommes animés par des valeurs qui sont celles de l’humanisme et des droits de l’homme, celles de la tolérance et de la solidarité, celles de l’égalité et de la justice mais nous ne voyons pas à quel point nos bons sentiments sont instrumentalisés pour servir à des fins viles et ignobles car c’est sous couvert de nos belles valeurs que les vrais décideurs et rapaces de ce monde opèrent.

C’est au nom de la lutte contre le terrorisme, que nos maîtres nous terrorisent.

C’est au nom de la santé, qu’ils nous empoisonnent.

C’est au nom de la paix qu’ils nous envoient à la guerre.

C’est au nom de la liberté qu’ils restreignent nos droits.

C’est au nom de la vérité qu’ils censurent et tuent la science

C’est au nom de la préservation de la planète qu’ils nous dépossèdent et qu’ils polluent autrement. 

Les yeux rivés sur les affreux tyrans d’ailleurs, d’Asie ou d’Afrique, nous demeurons incapable de voir en face le loup qui est dans notre propre bergerie.

Nous détestons la violence mais nous ne comprenons pourtant pas que la violence qui se voit, celle des casseurs ou celle des terroristes, celle sur laquelle ils nous focalisent fait infiniment moins de victimes que celle de personnes en costume cravate, circulant librement à bord de leur voiture de luxe.

Nous détestons les extrêmes, qu’ils soient de droite ou de gauche sans comprendre que ce que nous appelons « juste milieu » n’est qu’un autre extrême : celui de ceux qui ne se révoltent contre rien et qui ne voient même pas de raison de se révolter. La défense de nos privilèges ou plutôt des miettes provisoires laissées par nos maîtres est plus forte que nos désolations devant le sort des pauvres. Plus soucieux d’épouser les mœurs du temps et de paraître des gens fréquentables que d’écouter la voix du Bien, nous sommes prêts à toutes les compromissions.

Notre température tiède et moyenne n’est ainsi ni sagesse ni tempérance mais indifférence aux sorts de nos semblables et allégeance à un système dont nous tirons pour l’instant quelques avantages.

Prêt à dénoncer la manipulation des foules et la propagande ailleurs, nous sommes incapables de la reconnaître dans notre propre pays.

Nous aimons dénoncer la corruption du pouvoir des républiques bananières mais nous nous révélons incapables de la reconnaître lorsqu’elle est dans notre propre maison.

Nous avons appris à dénoncer comme de ridicules et dangereux « complotistes » tous ceux qui remettent en cause la narration des évènements par notre gouvernement et nos médias. Trop aveuglés ou trop paresseux pour écouter et étudier les arguments et les ouvrages des dissidents à cette narration nous nous sommes soumis à l’opinion commune soigneusement fabriquée grâce à une ingénierie sociale bien orchestrée.

Prompt à nous moquer de la férocité de ceux qui détenaient le pouvoir du récit autorisé à l’heure des inquisitions et des excommunications, nous nous faisons aujourd’hui les défenseurs des censeurs et des inquisiteurs d’aujourd’hui. Comme la foule venue assister au bûcher et jeter des ordures sur je ne sais quelle sorcière ou quel hérétique, nous accordons notre confiance et notre approbation aux inquisiteurs d’aujourd’hui avec leurs nouvelles étiquettes pour nous tromper et nous dissuader de sortir du cercle de ce qui nous est permis de penser et de découvrir.

Davantage préoccupé par nos plaisirs privés, nous préférons nous en remettre à un Etat que nous considérons illusoirement comme un bon père de famille qui ferait de son mieux pour nous.

Parce que nous ne connaissons rien à la création monétaire ni aux propriétaires des banques centrales, rien à la raison de l’existence des paradis fiscaux ni à leur permanence, rien à la puissance des grandes oligarchies financières ni aux idéologies qui les animent, nous croyons encore que les hommes que nous avons élus, à la tête d’États plus qu’endettés, ont ne serait-ce que le pouvoir de leur résister. Nous continuons à croire naïvement que nous sommes encore dans la France du Général De Gaulle avec une république souveraine suffisamment robuste pour résister aux puissances d’argent.

Nous avons bien entendu parler de « paradis fiscaux » et nous croyons que les Etats font tout leur possible pour arrêter les coupables. Capables de lancer une guerre nucléaire, des invasions et des embargos, capables de voir un homme dans sa voiture depuis l’Espace, nos Etats, semblons-nous croire, n’ont pas réussi à faire mieux pour l’instant contre ces transactions localisées dans des territoires connus de tous. Cruelle impuissance !

Nous avons peut-être répété comme d’autres, mécaniquement, que « l’argent dirige le monde » mais nous sommes les premiers à regarder dans le vide lorsqu’on cherche à nous expliquer comment cela se réalise concrètement, à nous expliquer ce que pensent et ce que font ceux qui détiennent plus d’argent que tous nos pays réunis.

Ne connaissant rien aux pouvoirs de la finance, nous nous laissons conduire comme des troupeaux à l’abattoir avec la même inconscience que les bêtes qui ne croient pas possible que leurs maîtres puissent à la fois les nourrir et les conduire vers un sort si funeste.  

Hypnotisé par les « il faut bien », ou les « il n’y a pas le choix » émanant du pouvoir, nous devenons les fossoyeurs de notre avenir et de celui de nos enfants.

Prêt à dénoncer les totalitarismes du passé, nous sommes incapables de voir ceux qui se dessinent déjà pour nous aujourd’hui avec le même consentement que nos ancêtres, persuadés que tout est fait pour notre bien.

Que nous soyons plutôt de droite ou plutôt de gauche, cela ne change fondamentalement rien car les ploutocrates qui abusent et profitent de notre naïveté, n’ont que faire de nos divergences politiques tant que nous œuvrons pour préserver le système de leur domination.

Après des siècles et des siècles d’esclavage, de soumission et d’exploitation des masses pour leur force de travail, après des siècles de cynisme et de rapacité coloniale, les hommes et les Etats occidentaux se seraient selon nous assagis et transformés en anges soucieux uniquement des droits de l’homme et du commerce équitable. Les armées de notre pays, disséminées un peu partout dans le monde ne seraient plus selon nous que des serviteurs de la démocratie. Nos marchands d’armes, tous décorés de la légion d’honneur et pour certains propriétaires de nos médias favoris, ne seraient que des promoteurs de la paix. Jusqu’où notre mauvaise foi peut-elle nous conduire ?

Lorsqu’on cherche à nous montrer l’emprise des puissances financières sur les décisions publiques, l’impact sur la santé des gens de l’autorisation de substances dangereuses pour leur santé sous l’influence des industriels, nous n’avons comme seule réponse : « nous ne pouvons pas croire que le monde soit si mauvais ». Pauvres fous, quelle amnésie s’est-elle emparée de nous ?  

A chaque scandale révélé au sujet de la corruption des instances de régulation ou des prétendus experts, nous continuons à le considérer comme un cas isolé sans saisir la supercherie systémique de structures noyées dans les conflits d’intérêt.

Habitués à un ordre en place qui nous laisse encore vivre confortablement, nous nous révélons incapables de comprendre que ceux qui sont censés veiller sur nous, sont en train de construire notre ruine.

Préférant la sécurité à la liberté, la survie à l’honneur, nous sommes prêts à vivre toujours plus dans une prison sous surveillance, encore vivants mais déjà morts.

Préférant, croyions-nous, sauver des vies, plutôt que de respecter les principes fondamentaux du droit et de la morale, nous avons participé activement ou fermé les yeux sur l’extorsion du consentement de millions d’êtres humains face à un traitement expérimental et à rendre une partie d’eux infirmes ou malades, et tout cela pour une maladie qui ne tue que rarement des personnes fragiles, abandonnées avec du paracétamol.

Comme nos semblables, nous avons accepté le retour de la société d’apartheid et la mise à pied de ceux qui refusaient l’injection au nom de la sécurité sanitaire mais lorsque les mensonges sur la transmission ont été révélés, nous n’avons montré aucun remord. Saurons-nous reconnaître enfin qui étaient les abrutis, les salops ou les irresponsables dans cette histoire ?

Nous, les hommes du camp du bien, nous nous croyons les descendants d’un pays où des résistants ont courageusement combattu l’occupation mais nous oublions que nous sommes d’abord les descendants d’un pays qui a massivement collaboré et dont les résistants n’étaient qu’une poignée. Nous qui nous soumettons si servilement aux ordres du pouvoir et nous plaisons à faire comme les autres, parce qu’il le faut, demandons-nous si notre mimétisme ne nous rend pas plus collabos que résistants ?

Nous, les « Charlies », défenseurs de la liberté d’expression, nous sommes prêts à laisser étouffer la voix des lanceurs-d’alerte et autres acteurs de la contestation des vérités « établies » par ceux qui sont au pouvoir. La liberté d’expression n’est bonne pour nous que lorsqu’elle nous arrange et qu’elle ne vient pas troubler nos certitudes.

Nous, les intellectuels éduqués qui regardons parfois de haut le « bas » peuple, savons-nous seulement que nous avons été conditionnés et endoctrinés pour rester aveugles ?

Nous qui aimons nous référer à la vérité majoritaire, savons-nous que nous faisons partie de cette même foule de bien-pensants qui ont assassiné Socrate et le Christ, avec la même bonne conscience ?

Nous qui aimons nous référer aux « consensus scientifiques » comme si la science relevait d’un consensus, comme si la recherche scientifique se déroulait dans le vide, libre des puissances d’argent et des pressions politiques, nous rappelons-nous le rôle de la majorité des scientifiques sous le totalitarisme nazi ou sous le totalitarisme communiste ?

Comme beaucoup de nos semblables, nous avons exprimé toute notre indignation devant l’invasion russe en Ukraine. Animés des meilleurs sentiments nous nous sommes révoltés contre l’invasion et le bombardement d’un pays par un autre. Mais où étions-nous lorsque, depuis des années, les populations de Donetsk et de Lougansk se faisaient bombarder et que les populations russophones étaient maltraitées ? Pourquoi aucune larme ni aucune attention envers le bombardement et le massacre au même moment du peuple Yéménite par l’Arabie saoudite avec des armes françaises ? Pourquoi si peu de révolte de notre part contre les bombardements de la Serbie, de la Libye et l’invasion de l’Irak, contre le massacre de tant de civils par l’Otan et les Etats-Unis ?

Nos bons sentiments devraient nous dégoûter d’abord parce que notre indignation est sélective ensuite parce qu’elle est téléguidée par ceux qui décident pour nous des gentils et des méchants, des vies qui ont une valeur et de celles qui n’en ont pas.

Si nous savions, comme nous le rappelle l’Abbé Pierre, « qu’il y a plus de sang sur nos mains d’innocents que sur celles du désespéré qui prend les armes », nous cesserions de nous croire dans le camp du bien.

Si nous savions combien notre ignorance est soigneusement entretenue depuis notre plus jeune âge pour nier tout ce qui précède, nous cesserions d’accorder autant de crédit à la télé et aux journaux aussi propagateurs de « fake news » que les plus illuminés ou les plus manipulateurs du net.

Libérés des certitudes de l’opinion commune ou des confiscateurs de la vérité, nous commencerions à ouvrir les yeux sur ce que nous devrions voir mais que pourtant nous ne voyons pas.

Nous, les hommes du camp du bien, mes frères, de grâce, réveillons-nous !

Ouvrons les yeux, cherchons, confrontons les sources et les idées.

Osons nous aventurer là où nos maîtres nous dissuadent d’aller !

Ainsi, changerons-nous peut-être l’Histoire au lieu de la répéter inexorablement ?

Nos enfants et nos petits enfants ont besoin de nous.

Emmanuel Caché, philosophe

Le 8 septembre 2023

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